The Spirit

Je suis un gars vendu de Frank Miller. Je pense que tout ce qu'il fait est génial. Même le récent «goddamn» Batman (Batman and Robin All-Star), je trouvais qu'il en faisait une parodie grotesque mais savoureuse.
Alors, quand j'ai su qu'il allait se servir du matériel de son mentor (Will Eisner) pour produire lui-même un film, j'ai failli mouiller mon pantalon. Le gars qui a crée Sin City, 300, Ronin, The Dark Knight Returns va attaquer The Spirit, un classique de la bd? Trop beau pour être vrai!
C'est ici que s'arrête malheureusement l'enthousiasme. Le film s'est fait descendre par la critique. On ne l'a pas eu en langue originale (ou je l'ai peut-être manqué) alors je ne l'ai pas vu en salle.
Arrive le dvd.
Premièrement, il est impossible d'en regarder 15 secondes et ne pas tirer un compratif immédiat avec la version écran de Sin City. Chaque image donne l'impression d'avoir été dessinée par Frank lui-même. Des noirs encrés profonds, des touches de couleurs vives et des blancs éclatants. Chaque scène est un délice à voir. Mais le problème, c'est qu'un film doit être plus qu'un festin visuel, il doit y avoir quelque chose qui nous accroche. Ce film n'accroche pas. On ne sait pas si on doit le prendre au sérieux ou le considérer comme comédique. Dans ue bd, on peut pardonner aux personnages de changer de look de page en page. Frank excelle dans cet art-là. Les différents looks qu'il donne à ses personnages dans la bd sont une de ses signatures visuelles. Mais dans un film, média ou notre tête demande un peu de logique et de concret pour s'y ancrer, ce type de traitement paraît plutôt loufoque.
C'est étrange, personne ne pourrait demander plus qu'une version animée d'une bd de Miller et pourtant c'est ce que l'on reçoit et on reste sur son appétit. Il manque quelque chose. De la personnalité, une direction. Les personnages restent très bi-dimensionnels, alors on ne s'attache pas à personne, on regarde l'aventure et quand c'est fini, on fait bof. Je suis un gars qui apprécie Samuel L. Jackson, mais je commence à croire que 40 films par année, c'est un peu de saturation. Tous ses personnages ont la même attitude, le même vocabulaire, intonations. Je pense que la seule variété dans son jeu que j'ai vu récemment, c'est Black Snake Moan. Alors quand il arrive et donne une personnalité à l'Octopus (personnage qui reste dans visage dans la bd), on est déçu.
Bref, j'aurais voulu aimer ce film de tout mon coeur, mais je ne peux faire autrement que me rendre à l'évidence : même un génie peut échouer.